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A bout de souffle
Quand j'ai rouvert les yeux Tout était sombre dans la chambre J'entendais quelque part comme une sonnerie J'ai voulu bouger... Aïe la douleur dans l'épaule droite tout à coup Me coupa le souffle Une peur affreuse m'envahit Et mon corps se couvrit de sueur Toute ma mémoire me revint Le hold-up, la fuite, les copains Qui se font descendre... J'suis blessé, mais je fonce et j'ai l'fric Je glissai la main sous l'oreiller La mallette pleine de billets Etait là, bien sage... deux cents briques !... Somme toute ça pouvait aller Mon esprit se mit à cavaler Sûre était ma planque chez Suzy Et bientôt à nous deux la belle vie Les palaces, le soleil, la mer bleue, toute la vie... Une radio s'est mise à déverser Un air de piano à tout casser Je connaissais ce truc C'était le Blue Rondo à la Turk Dave Brubeck jouait comme un fou Aussi vite que moi mettant les bouts Soudain, la sonnerie du téléphone Mon coeur fit un bond Je pris le récepteur "Allô !, c'est Suzy, ça fait deux fois que j'appelle - Qu'est-ce qu'il y a ? - Y a un car de flics au coin de la rue Je restai sans voix, j'étais foutu - Il faut que tu files, me dit-elle Descends pas, sauve-toi par les toits" Bon Dieu d'bon Dieu, bon Dieu d'bon Dieu Encore les flics, vite le fric Et puis l'escalier de service Quatre à quatre Un vasistas était ouvert sur les étoiles Et me revoilà faisant la malle Parmi les antennes de télé Ce pognon, je ne l'aurai pas volé Trente mètres plus bas dans la rue Du Colisée c'était la cohue J'en peux plus, j'en peux plus... J'ai couru comme dans un rêve le long des cheminées Haletant, la mallette à la main, je vacillais.. Sur un toit s'amorçait un escalier d'incendie S'enfonçant tout au fond d'une cour Je descendis jusqu'en bas Et me voici à trois pas d'une sortie sur la rue Quelle rue, je ne le savais plus mais tant pis Je suis sorti et tout de suite je les ai vus Quatre flics au bout de la rue Pas de panique, j'ai reconnu le bar du Living, j'y suis entré... La boîte était pleine comme un oeuf Deux ou trois jazzmen faisaient le boeuf Je brûlais de fièvre, je voyais Les murs, les bouteilles qui tournaient Puis quelqu'un m'a saisi par le bras J'me retournai, Suzy était là Toute pâle elle me souriait De nouveau le soleil a brillé Dans un souffle elle me dit: - Viens, j'ai la voiture tout près d'ici Nous sommes sortis mais devant moi Un poulet a crié "Ne bouge pas !" Avec la mallette je l'ai frappé Alors le coup de feu a claqué Me clouant sur place Oh Suzy, t'en fais pas Je te suis, on y va Les palaces, le soleil, la mer bleue Toute la vie, toute la vie Toute la vie... Texte soumis aux Droits d'Auteur - Réservé à un usage privé ou éducatif
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